Rencontre avec Maria Bárbola, un personnage à l’époque de Velázquez

Copie XIXe siècle d’après Diego Velázquez (Séville 1599 – Madrid 1660) Maria Bárbola, [s.d.] Huile sur toile 1410 x 954
© Fabrice Lepeltier

Maria Bárbola est une figure singulière issue de la célèbre toile Les Ménines de Diego Velázquez (1599-1660).

Le personnage appartient au groupe de suivantes au service de la cour de Philippe IV d’Espagne. D’origine autrichienne, elle parle plusieurs langues et, comme Velázquez, que l’on retrouve de face, le regard vers le spectateur sur le tableau des Ménines, elle est un personnage de confiance pour la famille royale, notamment l’infante Marguerite.

L’accrochage de cette figure pour l’automne-hiver 2025-2026 permet de reconsidérer les apports du Siècle d’or espagnol à l’histoire de la peinture, et les prémices du réalisme dans la recherche des effets de lumière, de touche, d’instantané, et dans l’observation de toutes les réalités.

Impossible d’évoquer Velázquez sans parler du Siècle d’or, période où l’Espagne rayonne sous les feux des échanges artistiques européens, avec les Flandres, avec l’Italie. Dès l’âge de onze ans, Velázquez se forme à Séville auprès du peintre Pacheco et s’ouvre à la richesse des humanités. Son parcours est jalonné par des rencontres et influences clés, depuis Titien jusqu’à l’éblouissant Caravage qui, lors d’un voyage financé par la cour à Naples, conduit l’Espagnol à adopter un temps le clair-obscur avant d’élaborer des œuvres  d’une luminosité picturale singulière. C’est à Madrid, devant le roi Philippe IV, que sa carrière prend son envol et que la quête de la ressemblance prévaut sur celle de l’essence humaine.

Avec Les Ménines, Velázquez bouscule les conventions : il donne au spectateur une place centrale, à travers un jeu subtil de miroirs et de regards croisés. L’œuvre offre une scène vibrante, où chaque détail compte, conduite dans une technique novatrice : lumière scintillante, couleurs audacieuses, touche riche qui inspirera tant de peintres modernes.

Au XIXe siècle, Velázquez est une référence incontournable. Manet l’admire, Claudel l’interroge, Sargent le copie, et le musée du Prado ouvre grand ses portes sur ce maître nécessaire. La fascination se prolonge au XXe siècle avec Picasso, qui consacre 58 toiles à revisiter Les Ménines dans un style cubiste révolutionnaire.