Au dernier étage, pour la première fois ouvert au public, de l’hôtel particulier qui l’abrite, le Musée Angladon – Collection Jacques Doucet accueille l’artiste Rudy Decelière (*1979, Tassin la Demi-Lune).
Rudy Decelière enregistre des sons, au cours de voyages, de moments du quotidien, d’expériences professionnelles dans le cinéma, la performance ou le théâtre. Capturés, ceux-ci forment une sorte de répertoire, exploité au cours de créations sonores, souvent improvisées, pour le spectacle vivant, la performance ou le cinéma expérimental, et dans ses propres installations montées en intérieur ou en extérieur. Les sons sont alors travaillés en adéquation profonde avec le cadre architectural ou paysager pour lequel les installations de Rudy Decelière sont créées. Le son est mis en scène à travers le prisme d’éléments ou d’objets – végétaux séchés, instruments de musique… – souvent en perte d’affection, que Rudy Decelière choisit pour leur potentiel acoustique. Uniques par leur forme ou par leur réactivité aux impulsions données, ces objets, qu’il s’agisse de cordes de piano ou de feuilles de lierre, sont pourtant assemblés, organisés en série, respectant un ordre établi. Chacun devient membrane, corps conducteur, amplificateur. Le son se réserve le droit d’être perçu. L’installation en appelle à la curiosité, à la disponibilité, au temps de son observateur.
Le terme Étendues choisi comme titre de l’installation créée pour le Musée Angladon porte en lui différentes significations, volontiers contradictoires. Il peut s’agir d’espaces perceptibles, d’ampleurs, de durées, de capacités à occuper un espace, d’écarts entre les sons les plus graves et ceux les plus aigus, d’une chose déployée. Au travers de cette sensation infiniment abstraite et propre à chacun qu’est le son, le travail de Rudy Decelière interroge notre perception de l’espace, ses vides, ses pleins, ses usages, sa polysémie, sa poésie.
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