À découvrir cette saison :
Manolo Ruiz-Pipo (Grenade 1929 – Agen 1998)
Né dans une famille ouverte aux idées nouvelles, Ruiz-Pipo vit sa jeunesse andalouse dans un climat doux et inspirant, brutalement obscurci par la disparition de son père en 1936, aux premières heures de la guerre civile espagnole.
La famille s’installe alors à Barcelone. Ruiz-Pipo fréquente l’École supérieure de design et d’art de Barcelone, la Llotja, comme Picasso quelques années auparavant, puis intègre l’Académie royale catalane des beaux-arts San Jorge. Pour subvenir à ses besoins, il travaille dans un atelier de décoration et de restauration de cadres et de tableaux anciens. Dès l’âge de dix-sept ans, il participe à des salons et des expositions collectives.
En 1954, il rejoint Paris et apprend les techniques de gravure auprès d’Édouard Goerg (1853-1969). Il découvre, au Musée du Louvre, les peintres de la réalité, Georges de La Tour et les frères Le Nain, capables de transposer le réel dans l’intemporel.
Par connaissance interposée, il rencontre Picasso, fréquente son atelier et, par son biais, entre en contact avec la galerie de Jeanne Castel, qui lui organise sa première exposition personnelle en 1955. Le Festival d’art dramatique d’Avignon lui décerne le Grand prix de peinture en 1956.
Ruiz-Pipo exerce quelques temps comme portraitiste de commande, notamment à Londres. Puis, de 1966 à 1976, il s’installe en Italie. Il y rencontre Giorgio de Chirico.
À l’occasion d’expositions à Amsterdam, entre 1975 et 1978, il étudie Rembrandt et Vermeer. Il est également accueilli en Australie par le grand collectionneur William Bowmore.
Ruiz-Pipo finit par se fixer en France, dans les années 80, à Bonaguil, dans le Lot-et-Garonne, où il se lie d’amitié avec Ossip Zadkine.
Ses œuvres naissent après maintes ébauches sur papier, la plupart sont des dessins au crayon sur des carnets. Parmi ses thèmes privilégiés, citons les scènes de repas, les fêtes autour d’une table, les paysans. Ruiz-Pipo aime à rendre hommage aux gens simples, dignes dans leur pauvreté, dans leur frugalité. Il travaille selon les préceptes classiques, avec la discipline d’un artisan, et cherche à montrer cette permanence du beau.
Aux environs de Biot à la fin des années 50, il peint des séries de femmes à la fontaine. Il en capte les attitudes, les bavardages anodins, la nonchalance, les gestes paisibles de la vie quotidienne en Provence. Sa peinture se veut humaniste. Elle est un hommage constant à la femme, à la féminité, à la maternité. Les thèmes et motifs qu’il choisit font régulièrement référence à la terre nourricière, à l’Andalousie de son enfance. Ses maîtres à penser – Federico Garcia Lorca, le musicien Manuel de Falla, Mozart… – l’accompagnent dans son travail. Ses compositions se développent en un long cheminement de l’extérieur vers l’intérieur.
« C’est toujours à l’intérieur que je voyage, à l’intérieur de l’intérieur, dans le cœur de mon cœur » dit-il.
À Cannes, à la galerie Cécile de Terssac, le peintre rencontre en 1962 Dominique et Philippe Tailleur. Ces derniers achètent le premier tableau de leur future riche collection d’art. C’est un Ruiz-Pipo.
Une donation de Dominique et Philippe Tailleur